On aurait cru à un méchant remake de "L'Arroseur arrosé", cette fameuse scène comique des frères Lumière qui marqua à jamais les débuts de l'histoire du cinéma. Sauf que la blague avait cette fois bien plus mauvais goût et que le (télé)spectateur a plutôt ri jaune, bien que confortablement installé devant son poste de télévision. Souvenez-vous, en septembre dernier Elise Lucet dans Cash Investigation sur France 2 faisait la lumière sur l'industrie du jambon et ses procédés pas toujours très réjouissants, comme l'utilisation abusive de nitrite de sodium (E250) pour donner sa belle couleur rose au jambon (mais aussi pour prévenir le développement de pathogènes dangereux comme la salmonellose, la listériose ou le botulisme). Pendant que les industriels a-rose à cœur joie leurs charcuteries de E250, ce sont bien les consommateurs qui trinquent. Car ce que le documentaire révélait surtout, c'étaient ses risques cancérigènes forts supposés par la communauté scientifique... À votre santé !
Si tout le secteur était mis en cause par l'équipe de Cash Investigation, c'est bel et bien Herta (groupe Nestlé), principale cible de l'enquête, qui fera les frais de ces dénonciations et du bad buzz qui a suivi dans l'ensemble des médias (internet et presse papier). Je n'ai malheureusement pas idée des chiffres de ventes de la marque suite à ces révélations, mais compte tenu de la situation et du climat de méfiance ambiant préexistant et de plus en plus important (envers l'industrie agroalimentaire et plus spécifiquement la filière viande), il est fort à parier que la période a été un peu difficile pour le leader de la charcuterie en France. Seule solution : réagir (et ne plus subir) pour tenter de faire oublier ce mauvais cauchemar, redorer son image et retrouver quelques couleurs (sauf le rose).
Depuis quelques jours, Herta expérimente donc chez Carrefour un jambon garanti "conservation sans nitrite" et composé uniquement d'ingrédients d'origine naturelle : jambon frais, bouillon de légumes avec arômes naturels, sel et sucre. Cette toute nouvelle gamme comporte 5 références : "à l'étouffée" (2, 4 ou 6 tranches), "fumé" (4 tranches) et "torchon" (4 tranches). Selon les dires de l'industriel, cette innovation aurait nécessité 5 années de recherche R&D... Espérons qu'il lui faudra moins de temps pour retrouver la confiance des consommateurs.
Jambon Le Bon Paris "au Torchon", conservation sans nitrite (Herta) - © Communication (Agro)Alimentaire
Jambon Le Bon Paris "à l'étouffée", conservation sans nitrite (Herta) - © Communication (Agro)Alimentaire